Faut-il calculer et limiter ses calories pour s’assurer de « bien manger » ? C’est ce qu’on nous enseigne depuis la nuit des temps dans les magazines, à la télévision ou encore sur le web…
Bien sûr, les calories ont une certaine importance, mais est-ce vraiment une bonne habitude de les compter ? Pour répondre à cette question, je te présente 3 faits à considérer concernant le calcul des calories.
Quel aliment est le plus sain entre une pomme et une poignée d’amandes ?
Si tu trouves difficile de répondre à cette question, c’est que tu as déjà compris où je m’en vais avec mon idée.
Le nombre de calories, c’est simplement une mesure de l’énergie que l’aliment nous fournit. C’est une donnée parmi tant d’autres sur le tableau de la valeur nutritive.
À force de trop accorder d’importance aux calories, on risque de passer à côté d’autres facteurs qui pourraient rendre l’aliment désirable ou non. Par exemple :
Il est difficile pour un souper d’être satisfaisant s’il goûte le carton, n’est-ce-pas? Dans le même ordre d’idées, un yogourt garni de nos fruits préférés et de copeaux de chocolat plutôt qu’un yogourt sans sucre et sans gras ne nous fera pas vivre la même expérience. Il semblerait que le facteur plaisir soit important dans la satisfaction liée aux repas, et qu’il influencerait même nos choix alimentaires subséquents.
En effet, une étude néerlandaise suggère que lorsqu’on mange un aliment qui nous apporte du plaisir, l’envie de manger d’autres aliments diminue. Pour arriver à cette conclusion, l’équipe de recherche a comparé deux groupes: le premier devait manger une mousse au chocolat, et le deuxième, du fromage cottage. On leur présentait ensuite d’autres aliments. La quantité de calories ingérées était la même pour les deux groupes. Après avoir mangé leurs aliments respectifs, les membres du groupe ayant avalé la mousse au chocolat avaient généralement moins envie des autres aliments que ceux à qui on avait donné du fromage cottage.
Si tu as le goût d’un morceau de chocolat, mais que tu manges une banane (car c’est plus santé!), la banane risque de ne pas te satisfaire. Après la banane suivra le yogourt, le petit biscuit sec, une poignée de noix…. Si l’envie de chocolat avait été comblée dès le début, on aurait probablement mangé beaucoup moins au bout du compte. Cette sensation de satisfaction et de plaisir est importante et fait partie d’une alimentation équilibrée.
Bref, il est utile d’avoir des connaissances en nutrition et une idée approximative de quels aliments sont plus ou moins caloriques. Toutefois, ce n’est que la pointe de l’iceberg lorsqu’on désire améliorer son alimentation. En effet, on ne compare pas des pommes avec des oranges amandes !
Admettons que tu voudrais calculer de façon précise les calories que tu manges pour la journée.
Tu commencerais probablement ton calcul en utilisant le tableau de valeur nutritive affiché sur les produits emballés. Savais-tu que les compagnies ont droit à une marge d’erreur d’environ 20% sur la valeur nutritive de leurs étiquettes nutritionnelles ?
Ainsi, un repas annoncé à 25 grammes de protéines pourrait en réalité en contenir 20. Si on additionne toutes les marges d’erreur de tous les aliments mangés dans une journée, ça fait une grosse marge d’erreur, n’est-ce pas ?
Les données du tableau sont donc des approximations et non une science exacte.
Et que fait-on pour calculer la teneur en calories des repas cuisinés, qui ne possèdent pas d’étiquette ? L’option la plus réaliste demeure de faire…des estimations !
Je crois que le message est clair: il est très difficile d’obtenir des données précises et réalistes lorsqu’il s’agit de calculer les calories qu’on mange.
Dire qu’on a déjà pensé qu’on pouvait estimer de façon précise les besoins en calories d’une personne avec quelques calculs mathématiques simples.
« Pour perdre du poids, il suffit de consommer moins de calories qu’on en dépense », qu’on disait.
Il s’avère que le corps est une machine bien plus complexe que cela. Plusieurs éléments peuvent faire varier la façon dont on va métaboliser les calories dans notre corps. Voici trois exemples :
Après tout, nous ne mangeons pas des calories, nous mangeons de la nourriture ! Et cette nourriture, elle nourrit plusieurs corps différents et elle est servie dans différents contextes. Alors pour répondre à notre question de départ : non, je ne pense pas qu’on devrait compter ses calories.
Les calories, ce ne sont que des chiffres.
As-tu besoin d’autres façons de mesurer ton progrès dans tes changements d’habitudes de vie ? Si oui, je t’invite à lire cet article : Mesurer le progrès sans la balance, dans lequel tu trouveras 9 façons positives de le faire.
Agence canadienne d’inspection des aliments. Test de conformité de l’étiquetage nutritionnel. Partie 2 – Analyses et consultations.
Lucan, S. C., & DiNicolantonio, J. J. (2015). How calorie-focused thinking about obesity and related diseases may mislead and harm public health. An alternative. Public Health Nutrition, 18(4), 571-581.
Bourlaud, A. S. (2013). Perceptions et attitudes face aux aliments: étude d’association et impact sur l’estimation du contenu calorique.
Novotny, J. A., Gebauer, S. K., & Baer, D. J. (2012). Discrepancy between the Atwater factor predicted and empirically measured energy values of almonds in human diets. The American journal of clinical nutrition, 96(2), 296-301.
Merci à Amélie Loiselle nutritionniste pour sa collaboration à la rédaction de cet article.
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