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Les diètes restrictives et la famine : du pareil au même ?

Nutrition

Imagine être en état de famine pendant un an. Qu’est-ce qui changerait dans ta vie, selon toi ?  Eh bien, un chercheur nommé Ancel Keys l’a expérimenté durant la Seconde Guerre mondiale en affamant pendant plusieurs semaines un groupe d’une trentaine d’hommes.

Encore aujourd’hui, les résultats issus de cette étude sont utilisés par les chercheurs. Ce qui la rend particulièrement spéciale et intéressante ? 

  1. On ne pourra jamais la répliquer pour des raisons éthiques évidentes 
  2. Plusieurs font des parallèles entre ce qu’ont vécu les hommes du Dr Keys et les diètes restrictives que certaines personnes s’infligent aujourd’hui

Les trois phases de l’étude : contrôle, famine et réhabilitation

La célèbre étude d’Ancel Keys, appelée Minnesota Starvation Experiment, a été réalisée en 1944 à l’Université du Minnesota.

Grosso modo, le scientifique a recruté 36 hommes en bonne santé qui ne voulaient pas aller à la guerre. Sur une période d’environ un an, le groupe d’hommes est passé par trois phases : 

  1. La phase contrôle : 12 semaines durant lesquelles les hommes ont mangé comme d’habitude (environ 3200 calories) ;
  2. La phase de famine : 24 semaines durant lesquelles les hommes ont vu leur alimentation restreinte à environ 1600 calories, donc la moitié de ce qu’ils mangeaient d’habitude (!!) ;
  3. La phase de réhabilitation : 12 semaines durant lesquelles les hommes ont pu recommencer à manger plus ou moins normalement.

Le nombre de calories permis durant la période de famine ressemble étrangement au nombre de calories permises dans certains régimes restrictifs, non ? Selon les différentes mesures et observations du Dr Keys, cette réduction drastique des apports alimentaires a eu des effets importants sur la santé mentale et physique des hommes.

Les hommes ont développé des effets psychologiques troublants

Les hommes affamés auraient rapporté des symptômes psychologiques tels que l’irritabilité, la dépression et l’apathie, c’est-à-dire un manque de vitalité.

De plus, selon les anecdotes racontées par les nutritionnistes Bernard Lavallée et Catherine Lefebvre dans leur balado « On s’appelle et on déjeune », les participants à l’étude auraient développé des comportements alimentaires malsains face à leur état de famine. Parmi les exemples, un homme aurait développé une obsession telle pour la nourriture qu’il se serait mis à feuilleter des livres de recettes comme si c’était de la pornographie. Un participant aurait même volé et mangé deux rutabagas crus pour assouvir sa faim ! Bref, « t’es pas toi-même quand t’as faim », comme le dit si bien une pub de chocolat bien connue.

diètes restrictives effet de la restriction obsession envers les aliments photo d'un chien regardant une tarte avec frustration

Les hommes ont souffert de symptômes physiques importants

En plus des symptômes psychologiques, c’est sans surprise que les hommes ont perdu beaucoup de poids, dont une perte importante de gras et de muscles. Les hommes, qui pesaient en moyenne 150 livres au début de l’étude, ont vu leur poids chuter à 115 livres !

Comme si ce n’était pas assez, les hommes ont également souffert d’autres répercussions importantes sur leur santé physique, comme une diminution de leur température corporelle, de leur libido, de leur rythme cardiaque et de leur énergie. Ce n’est pas jojo tout ça !

Les hommes ont repris plus de poids que leur poids initial

Une fois dans la phase de réhabilitation, les hommes auraient non seulement repris le poids perdu, mais pris du poids supplémentaire. De plus, il semblerait que le poids repris ait été davantage stocké sous forme de graisses que de muscles. Des chercheurs appellent ce phénomène le « rattrapage de gras préférentiel ». Est-ce que c’est une façon pour le corps de nous protéger en créant des réserves au cas où il y aurait une nouvelle famine ?

Bref, on peut faire plusieurs parallèles entre cette célèbre étude et certaines diètes restrictives proposées aujourd’hui : fatigue, irritabilité, obsession pour la nourriture, reprise de poids plus grande après la diète…

Est-ce que le jeu en vaut la chandelle ?

Au lieu de s’embarquer dans des diètes restrictives, j’encourage plutôt les gens à développer une saine relation avec les aliments. Si tu veux en savoir plus, je te suggère cet article : C’est quoi, une relation saine avec les aliments ?

Et si tu as envie d’être accompagné dans ta démarche, j’offre des rencontres individuelles et un programme de groupe.

Références

Baker, D., Keramidas, N. (2013, octobre). The psychology of hunger. American psychological association. https://www.apa.org/monitor/2013/10/hunger 

Rattrapage de poids préférentiel  : Dullo, A. G. (2021). Physiology of weight regain: Lessons from the classic Minnesota Starvation Experiment on human body composition regulation. Obesity Reviews22, e13189.

Lavallée, B. (animation), Lefebvre, C. (animation), Martineau, A. (réalisation) (2021, 18 mars). Les affamés du docteur Keys [épisode de balado]. Dans On s’appelle et on déjeune. Radio-Canada Ohdio. https://ici.radio-canada.ca/ohdio/balados/7112/nutritionniste-urbain-bernard-lavallee-catherine-lefebre/519565/seconde-guerre-mondiale-ancel-keys-alimentation

Merci à Amélie Loiselle, nutritionniste, pour la rédaction de cet article.

© Marie-Ève Caplette - Nutritionniste Diététiste 2024  |  Politique éditoriale